Quelques questions à Gilles Marchand

Grande joie (et grand privilège !) de partager avec vous cette interview de Gilles Marchand dont j’ai adoré Le Soldat désaccordé. Un grand merci à lui !

Vous avez fait de nombreuses recherches pour nourrir votre histoire. Quelle a été la première étape ? Qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans ce que vous avez appris, au fil de cette pré-écriture ? 

La première étape a été de lire les romans des écrivains qui ont fait la guerre. Dorgelès, Barbusse, Genevoix, Cendrars, etc… Je voulais être au plus près de leurs mots, connaître leurs tics de langage, leur manière de s’exprimer. Quant à ce qui m’a le plus surpris, c’est venu dans un deuxième temps. Je pensais que tout avait plus ou moins écrit sur cette Première Guerre mondiale et je me suis rendu compte qu’il restait encore mille histoires à écrire.

Pourquoi avoir choisi de ne pas donner de nom, de prénom, à votre personnage principal ?

Je voulais qu’il soit mon soldat inconnu à moi. Et celui du lecteur. D’ailleurs, je ne le décris que très peu…

Dans quelle légende avez-vous puisé celle de la Fille de la Lune ?

Il y a beaucoup de légendes, d’histoires, de racontars qui ont circulé pendant et après la guerre. J’avais envie d’inventer la mienne. Je pense qu’elle puise sa source dans une multitudes d’histoires.  

Vous avez choisi de nous parler de la Première Guerre Mondiale par le biais d’une enquête, à l’image de Sébastien Japrisot dans Un long dimanche de fiançailles. Pensez-vous que mêler suspense et Histoire est un moyen de transmettre davantage de messages sur notre vécu ? Réveiller l’intérêt, peut-être de celles et ceux pour qui 14-18 est loin ?

J’avais envie de raconter une histoire. Plutôt une quête qu’une enquête. L’enquête est venue progressivement. Et c’est vrai que j’ai pris beaucoup de plaisir à la mettre en place. Et oui, je suis persuadé qu’une bonne histoire, qu’il y ait du suspense ou pas, est un excellent moyen de transmission.

Vous avez dit, dans quelques interviews, être attentif à la musicalité de vos textes. Les lisez-vous à voix haute, pour mettre à l’épreuve cette musicalité ?

Oui, je lis toujours mes textes à voix haute. Par petits bouts d’abord. Et une fois la rédaction achevée, je relis tout en intégralité.

Vous semblez avoir une tendresse particulière pour les personnages romantiques, rêveurs, marginaux parfois. Ont-ils un peu quelque chose de vous ? (Cette question est signée mon ami Mickaël qui a, lui aussi, adoré ce roman)

Certainement un peu oui. Il est toujours difficile de dire ce qui tient de l’auteur. Il y a beaucoup d’inconscient. Un romancier met forcément beaucoup de lui, de ses peurs, de ses espoirs, de ses rêves, de ses cicatrices.

Vous avez créé un spectacle musical autour de ce roman, pouvez-vous nous en dire quelques mots ? Nous dire où nous aurons l’occasion de le voir prochainement ?

C’est une lecture que j’ai montée avec Emmanuel Gross, un ami musicien. Nous avons composé une musique un peu à la manière d’une bande originale de film. C’est quelque chose entre le théâtre, le concert et la lecture. Nous l’avons joué plus de trente fois. Le prochain rendez-vous, c’est le 14 décembre à Saint-Louis en Alsace. J’espère avoir l’occasion de le refaire à Paris en début d’année.

J’ai pris l’habitude de demander aux autrices et auteurs que j’ai la chance d’interviewer le titre de leur dernier coup de cœur. Pouvez-vous partager le vôtre avec nous ?

J’ai lu récemment deux livres qui m’ont très agréablement surpris, le genre de livres que je n’avais pas l’impression d’avoir déjà lu. Berline de Céline de Righi et Dès que sa bouche fut pleine de Juliette Oury.

Merci encore, cher Gilles Marchand, pour votre temps – et ce livre !